C‘est un moment rare que notre Journaliste a réussi à couvrir ce jour. En effet, rare car les nouvelles années ne se fêtent qu’une fois certes, mais surtout car habituellement, personne n’arrive à s’introduire dans l’antre des pilotes du célèbre Squadron.
Munfayl, quelque part sur la planète More
Une immense salle, sobre, sans luxe apparent, murs noirs, meubles noirs, servants habillés de noirs, pilotes en tenue officielle (donc noire), à part un vêtu d’une tenue rose, qui détonnait avec le reste des lieux. Les légendes sur le Prince Rose n’étaient peut-être pas que des légendes. Sur l’estrade, noire bien sûr, se tenaient les membres les plus haut placés du Squadron. Ils discutaient à voix basse, jetant de petits coups d’œil discrets en direction des coulisses. Ils arboraient fièrement de nombreuses médailles, preuves de leur implication dans diverses opérations secrètes, mais aussi sur le front Thargoïde depuis de nombreuses années. Un groupe de jeunes pilotes, au premier rang, discutait joyeusement, l’insigne de le DAX (Division Anti-Xeno) bien visible sur leur cœur. Ils s’étaient distingués plusieurs fois cette année d’après les rumeurs. Des sources non vérifiables parlaient même de plusieurs milliers de Xénomorphes abattus pour chacun d’entre eux. Des milliers. Des chiffres vertigineux, mais invérifiables. Qui sait ce qu’il en était réellement.
Bizarrement, le bar n’attirait pas la foule. Peut-être que la rangée de gardes lourdement armés entre le bar et les pilotes expliquait ce phénomène. Notre journaliste, voulant se servir un verre, reçut une fin de non recevoir, sous prétexte que l’alcool ne serait autorisé qu’après l’intervention du dictateur, afin d’éviter les débordements. Seul un pilote vieillissant, déjà passablement éméché, se battait pour une bouteille d’UAlcool millesimé dernier cru avec ce qui ressemblait à une espèce de chat monstrueux. Un Galon sur l’épaule semblait indiquer que ce fier pilote était à la tête de la division recrutement. Il y eut un peu d’animation lorsqu’il vomit en direction du chat, mais ce dernier, bien que semblant trop gras pour se mouvoir avec souplesse, réussit à éviter le jet acide de justesse. Mais l’un des gardes, de dos, fut gravement brûlé à la jambe. Ce fut une victoire pour le chat, qui, profitant de cette diversion, s’enfuit avec la bouteille sous une table un peu plus loin.
Soudain, un grand silence se fit entendre. Sur l’estrade, un grand gaillard roux hurla :
– Piiiiiilotes, gaaaaaaaarde à vous !
Les quelques leaders sur l’estrade s’alignèrent parfaitement, imités par les troupes dans la salle. Le dictateur apparu alors, d’une demarche assurée et fière, le visage impassible. Il se présenta face à ces troupes, faisant le tour de chacun de ses hommes un par un, du regard. Après ce qui sembla une éternité, il commença alors :
– Pilotes ! Bonne Année !
Puis il se retourna impeccablement pour repartir en direction de la sortie. Il fut rattrapé par le grand gaillard roux. Après quelques chuchotements, inaudible en raison des autres chuchotements de la salle quelque peu étonnée, le dictateur revint au devant de la scène :
– A ce qu’il parait je suis censé faire un discours motivant. il semble que c’était un peu court. très bien.
Derrière lui, le pilote roux s’entretenait avec ce qui semblait être le président de la BBRA et l’Ambassadrice du squadron. Notre journaliste réussit à s’approcher mais ne distingua que quelques mots : abruti… discours… perdu… explosion… Messagers… Plasma… Rapture IX encore… Difficile de comprendre les échanges, nous vous laissons juges de ce que cela pourrait signifier.
Le Dictateur, lui reprit :
– Pilotes ! Sachez que cette année fut difficile pour nombre d’entre nous. Les Thargoïdes nous craignent certes, et certains ont pu s’offrir un Fleet Carrier personnel grâce à cela. Félicitations, vous êtes maintenant des cibles chaque fois que vous arrivez dans votre fleet dans un système. Il est loin le temps de la discrétion et des opérations qui ne laissent pas de trace. Mais, nous avons également perdu le contrôle de l’un de nos fleurons, le système Ugrashtrim.
Le dictateur jeta alors un regard derrière lui, vers le fameux consul d’Ugrashtrim, qui sembla alors vouloir se faire plus petit encore qu’un Adder au milieu d’une troupe de Gunship pirates.
– Nous ne pouvons nous permettre de tels échecs, même si l’ennemi semblait se cacher dans un univers parallèle privé. Je sais que beaucoup d’entre vous combattent depuis plus de quatre ans sans relâche. Vous avez vu tomber beaucoup de camarades, parfois vos chefs, parfois vos amis. C’est la vie d’un Black Birds ! Peu importe les pertes, nous avons une mission, que vous connaissez tous, et rien ne pourra nous en détourner, rien, pas même la perte de quelques systèmes. Cela nous importe peu, le consilium peut bien faire ce qu’il veut, le Squadron lui survivra, quoi qu’il arrive ! Aucun de nous n’est irremplaçable, pas même moi. Je suis le troisième depuis la réactivation du Squadron par le Fondateur. Nous avons des alliés, des Corsaires de l’empire, des Loups, des barbares de Massilia, des Lospiens, et d’autres que je ne peux lister car j’ai pas que ça à faire (NDLR : mais on les aime tous). Nous surmonterons les obstacles, nous survivrons à tout, tant que les Thargoïds seront une menace pour l’humanité.
Nos scientifiques ont fait des percées importantes en analysant les cadavres de ces monstres. Ce n’est pas parce que le laboratoire de recherche secrète a explosé inopinément à cause de Rapture IX que nous avons tout perdu ! Les épidémies qui ont suivi, ces virus secrets sur lesquels nous travaillions, n’ont fait que quelques millions de morts, et nous sommes toujours là ! Nos fiers pilotes de la DAX nous ramènent plus d’échantillons que nécessaire, donc haut les coeurs ! Pilotes, demain sera un autre jour, une nouvelle année emplie de nouvelles heures se présente devant nous. N’oubliez pas que l’une de ces heures sera la vôtre, Una ex his erit tibi ultima !
A ces mots, telle une seule et unique voix, tous les hommes lui répondirent :
– Nous sommes la frontière, nous sommes les Black Birds !
Le dictateur regarda alors ces hommes fièrement, fit un signe de tête au rouquin, et sortit alors de la vision de tous. Le rapture roux, tout souriant, annonça alors aux hommes :
– le bar est ouvert les gars c’est bon vous pouvez y aller.
Ce sont les dernières paroles que nous avons pu récupérer. En effet, après ce message, notre journaliste, placé entre le bar et les pilotes, ne put esquiver la masse qui lui arriva dessus. L’année commence donc comme la précédente, par la mort de l’un de nos valeureux enquêteurs. Mais tout comme nos valeureux pilotes, nous ne reculerons jamais pour vous informer de la vérité vraie !