L‘essence même de la survie pérenne de l’Humanité est la possibilité de voyager dans l’immensité de l’espace. Ce qui nous a permis de coloniser d’autres corps célestes et de nous installer dans des stations orbitales.
De nos jours, le trafic spatial est intense. Des nuées de vaisseaux, qu’ils soient chargés de marchandises, de passagers ou de canons à plasma, essaiment de toutes parts, à la recherche de ruches riches en landing-pads.
De main de maître, les services de contrôle de vol permettent de synchroniser cette danse de ballerines tout en alliage et propulseurs. Sans quoi cette douce farandole ne serait que cacophonie accidentogène.
Nous rendrons hommage, aujourd’hui, aux femmes et aux hommes pour qui le contrôle du vol est leur métier.
Un apprentissage de qualité
Pour commencer à cerner le personnel de ce service, je me suis rendu à L’E.C.C.V.S. de Bondarek. Rendez-vous avec Jenrcé TOUDROY, Directeur de l’École Consulaire des Contrôleurs de Vols Spatiaux.
Monsieur le Directeur, quelles sont les bases de cette formation ? Où recrutez-vous les futurs contrôleurs ?
Nous recrutons sur concours. Il suffit d’être majeur, d’avoir été scolarisé dans une école publique consulaire jusqu’au 4ème cycle, et de disposer d’un certificat médical d’aptitude. Il est important que nos contrôleurs soient issus d’une école consulaire. Vous vous imaginez avoir à faire à un communiste qui ne connaît que sa gauche ? Ahahahahaha ! Impensable. Ou alors un écolo plus vert que son cigare, qui sait plus où est le haut du bas ? Bref, nos aspirants suivent une formation d’une année. Dont six mois en doublon sur le terrain.
Lors de cette formation, les aspirants contrôleurs reçoivent toutes les connaissances nécessaires en matières de gestion des flux sur un spatio-port, réglementations des vols, du transport de marchandises et de passagers, la spécificité des vols militaires, la répression de la contrebande et piraterie. La fin de l’apprentissage du métier se conclut par une assermentation, leur permettant d’exercer un pouvoir de police, et donc de réprimer tous contrevenants, en relation avec les services de sécurité ou le Trésor Consulaire.
L’école possède tous les locaux et équipements nécessaires. Les salles de cours sont spacieuses, les groupe d’étudiants ne dépassent pas la douzaine, afin que les instructeurs puissent suivre facilement chacun d’entre eux. Nous ne pouvons que remercier la grande générosité du Consilium en la matière.
Vous voici Aspirant Contrôleur. Qu’est-ce ce qui vous a amené à embrasser cette profession ?
Ben, dans ma famille, nous sommes Contrôleurs depuis plusieurs générations. C’est une bonne place. Le salaire est bon. On a plein de congés. On est confortablement assis toute la journée. Alors après le lycée Consulaire, je suis allé voir le Responsable Contrôleur de ma station, et je lui ai dit : « Papa, je veux rentrer à l’école de Bondarek pour devenir Contrôleur moi aussi ». Et voilà !
Êtes vous satisfait de l’enseignement donné ici ? Répond-il à vos attentes ?
Ah oui ! C’est vraiment génial ! On a plein de pauses. Ça commence pas trop tôt, ça finit pas trop tard. Et comme je dis souvent à mon Instructeur : « Tonton, je suis trop heureux d’être ici ».
Une organisation inaltérable
Retour à Samson, notre glorieuse Capitale. Je me rends au central de contrôle de vol. Je rencontre Jahmed DETRAVEYR, le Contrôleur Principal, dans son somptueux bureau traversant près de la letter-box, avec vue sur l’intérieur et l’extérieur de notre Coriolis majestueuse.
Comment s’organise votre service ?
C’est très simple : Je dirige le service, en étant suppléé par trois adjoints. Car il faut toujours qu’il y en ai un de nous quand les autres sont en congés. Le contrôle Landing-Pads est subdivisé en trois pôles : Le pôle pads S, le pôle pads M et le pôle Pads L. Chaque pôle est dirigé par un Contrôleur Chef et trois adjoints, toujours à cause des congés. Nous devons maintenir la continuité du service évidemment. Puis, pour chaque pad, nous avons huit contrôleurs subalternes, qui tournent en quatre fois six heures.
Ils sont donc deux dans chaque tours ?
Non un seul, les autres étant de repos ou en congés. C’est un travail qui demande beaucoup de concentration. C’est fatiguant. C’est pour cela que les dispositions légales font qu’un contrôleur puisse prendre sa retraite à 40 ans, ou 20 ans de service maximum. Il y a bien sûr des minorations prévues.
Un quotidien éprouvant
Au tour de Oussa TANG, Contrôleur Chef du Pôle pads M d’être interviewé par votre serviteur. C’est dans les sous-sols des docks 6 que se trouve son fief. Près de la brasserie « la bonne andouille Morienne » et du centre de relaxation « Le gland assoupie ».
Je pénètre un modeste bureau d’une centaine de mètres-carrés. L’ameublement est spartiate. Quatre tables de bois accompagnées de fauteuils en cuir avec fonction massage. Un mini parcours de golf pour travailler la motricité fine, un comptoir à peine décoré d’une vingtaine de spiritueux rares, et une kitchenette trois étoiles avec barbecue intégré et four à pizzas. le contrôleur TANG me fait signe de le suivre dans son bureau, au fond de la pièce.
Voilà, ici nous serons tranquille. Excusez moi de cette procédure, mais j’ai un adjoint qui officie dans le bureau dédié à la sieste. Je m’en voudrais de le déconcentrer dans son inactivité. C’est répréhensible par notre Convention Collective de surcroît.
Ne vous excusez pas, vous m’en voyez fort aise. Pourriez-vous m’en dire plus sur votre activité principale ?
Mes vacances ?
Non votre travail.
Ah d’accord. Oui. Et bien, nous prenons notre service aux aurores, vers 10h15. Je me réunis avec un adjoint, s’ils ne sont pas tous en congés ou récupérations. Après une rapide collation, nous abordons les sujets du jour, en général de 11h jusqu’à l’heure du repas. Nous reprenons nos activités après une sieste salvatrice, vers 15h. Et lorsque le crépuscule tombe, aux alentours de 16h45, nous rentrons chez nous pour prendre un repos bien mérité.
Quel emploi du temps ! Vos journées sont bien remplies, de toute évidence.
Une concentration de tous les instants
Dûment munis d’un laissez-passer en règle, je peux maintenant aller et venir dans chaque tour de contrôle de Samson. Ainsi je vais pouvoir être témoin du labeur au plus bas de l’échelle de ces besogneux. Au plus près de la réalité du terrain.
Je me présente donc au pad n°40. Un pad large. De la baie vitrée la vue est imprenable sur l’immense zone d’atterrissage. Elle est actuellement inoccupée. Une myriade de laveurs sont à l’œuvre. Agenouillés sur le sol, ils brossent, ils briquent, ils font reluire, ils poncent, ils lustrent.
Le contrôleur subalterne Vazyr KULL est assis à son poste. Toniquement affalé dans son fauteuil, il surveille son holosuperviseur. Rien ne lui échappe, à part un bâillement de temps à autre.
Vous devez faire preuve d’une attention soutenue et sans faille ?
Bah ouais. De toute façon on est dérangé tout le temps. Entre ceux qui arrivent et ceux qui partent…
Contrôleur à Samson, vous devez être fier de cette affectation ?
Fier ? En fait, après l’examen, à l’école de Bondarek, les premiers choisissent leurs affectations. Les derniers prennent ce qui reste.
Vous avez été Major de promotion alors ?
Hein ? Les Majors de promotion ils ont choisit Hiraga hub à LTT 149, Becquerel Colony a Shangdi, au pire dans ce système à Nicolet orbital. Moi j’ai jamais été doué en mathématiques….
L’IA de contrôle envoi une requête d’appontage sur l’holosuperviseur.
Et merde… C’est encore l’autre ivrogne, en plus en cutter… GUTAMAYA Golf India Bravo, vous pouvez vous docker sur le pad 40. Merci de respecter…. Ben voilà. Pas le temps de donner les consignes qu’il est déjà posé.
Je rêve où il est rentré en boostant ?
Ben c’est le soucis avec les pilotes du Squadron. Ils font ce qu’ils veulent. Ils n’écoutent rien. Et encore, cette fois il est pas venu s’incruster dans la baie ou un autre vaisseau.
Il est donc passible d’une amende ?
Bien sûr. 500 crédits. Mais ces mecs là ils brassent les milliards comme un mineur de fond la poussière ! Ils s’en foutent comme de leur premier Sidewinder.
Ils sont quand même l’élite de nos combattants.
Ils sont surtout l’élite de nos contrebandiers ces mercenaires ! Regardez les containers qu’ils déchargent. Ah ben tiens, il vient d’écraser un laveur de pad…
J’aperçois, au loin, une patrouille de sécurité de la Phalange Noire. Au seul vu du numéro de Rapture gravé sur la coque, ils font demi tour, l’air de rien, en sifflotant. Ils ont sûrement conscience que notre brave pilote vient de créer un poste de laveur de pad à pourvoir. Travaillant ainsi à la baisse du taux de chômage chez nos jeunes.
Un dernier conseil pour nos lecteurs qui souhaiteraient devenir contrôleurs de vol ?
Ouais ben, faut se débrouiller à avoir de bons résultats aux examens. Soit en révisant correctement, soit en offrant une boite de cigares de Kamitra à l’examinateur lors d’un dîner de famille. Voilà comme ça on s’assure d’une carrière peinarde, dans un outpost à cent mille secondes-lumière. Loin de ces bas-du-plafond du Squadron.
Ce sont sur ces conseils amicaux que s’achève ce reportage palpitant. Une tranche de vie de notre Grand Consilium. Remercions collégialement ces contrôleurs sans qui nos stations seraient aussi dangereuses qu’une lune sous une pluie de météorites.
Le conseil de la rédaction : Une question réglementaire, ou vous voulez savoir où se trouve un pad précis ? Vous voulez en savoir plus sur le métier de contrôleur ? Comment intégrer les rangs de ce service ? Pour toute question, vous pouvez appeler la plateforme holophonique du service au 01234, uniquement le mardi et jeudi, de 10h50 à 11h22, et de 15h37 à 16h02.