Exclusif ! Nos équipes du Vox Veritas ont réussi hier à se glisser dans les tout premiers prototypes de Fleet Carriers, porte-vaisseaux que la compagnie Brewer Corporation mettra prochainement à disposition des particuliers. La mariée est très belle, très élégante, racée. Mais elle est incroyablement dépensière, et il est difficile à ce stade d’évaluer la dot que contiendra le panier de cette trop jolie épouse.
Les premiers tests grandeur nature
Les chantiers de construction Brewer Corporation ont produit depuis 3100 des milliers de plates-formes, d’avants postes, de ports de surface, et surtout les célèbres stations Coriolis disséminées dans la bulle humaine et au-delà. En 3306, Brewer Corporation fait sa première incursion dans la construction navale, et proposera prochainement le porte-avions de la classe Drake, à destination des particuliers. Des prototypes ont été rendus publics hier, et ont attiré de nombreux investisseurs dans les chantiers navals de cette compagnie, à Agartha en particulier.
Le Consilium, qui réfléchit depuis longtemps à l’acquisition d’un porteur de spationefs dans le cadre du projet Destiny, a aussitôt envoyé sur place ses équipes de spécialistes, afin d’évaluer les qualités et les défauts de cette plate-forme. Hier après-midi, le cmdr Firenze, responsable des activités anti-xénomorphes, a dirigé une expédition qui a mené le nouveau bâtiment, provisoirement nommé B.B.S. Destiny, jusque dans les Pléiades. Soucieuse de transparence, l’administration du Consilium a tenu à ce que ces premiers essais soient diffusés en direct. Le soir même, le Dictateur a réuni autour de lui un conseil spécial, composé des plus hauts dignitaires du Consilium, afin d’évaluer l’intérêt de ce nouvel équipement.
Investissement à long terme ou gouffre financier?
La première surprise, hier, concerna le prix du Fleet Carrier. Chacun s’accorde à considérer que le porte-spationef est extrêmement séduisant, et qu’une base mobile offrirait évidemment des avantages précieux. Mais un tel bâtiment reste très onéreux, et surtout comporte des frais cachés.
- Les coûts d’acquisition, tout d’abord. Le tarif du Fleet Carrier est fixé à 5 milliards tout ronds, mais ce n’est qu’un ticket d’entrée. Pour ce prix, le Fleet Carrier saute en hyperespace, possède un marché, et c’est à peu près tout. Les fonctionnalités qu’offrent les stations fixes standard ne seront disponibles qu’en les débloquant, au prix fort… Les fonctions de base de réarmement, de réparation et de réaprovisionnement en carburant coûtent entre 40 et 100 millions. L’équipement et les chantiers navals, 390 et 520 millions.
- Outre ces coûts d’achat, ces services entraînent des frais d’entretien hebdomadaires, jusqu’à 147 millions, et jamais moins de 10 millions, à débourser chaque semaine. Les services peuvent être désactivés, mais une partie des frais d’entretien (environ 50%) restent exigés malgré tout.
- Ensuite, l’acquisition d’un Fleet Carrier doit être longuement mûri en raison de sa décote rapide : en cas de revente le premier jour, le propriétaire d’un Fleet Carrier perd 5% sur le prix d’achat, et la décote se poursuit inexorablement pendant 3 mois, jusqu’à atteindre 66% du prix initial. Au bout de trois mois, le Fleet Carrier a donc perdu les deux tiers de sa valeur. Un Fleet Carrier acheté avec quelques options pour 6 milliards ne vaut plus, à la revente quelques mois plus tard, que… deux milliards.
- Enfin, le divorce n’est pas envisageable : cette Madame Bovary dispendieuse risque fort de vous couvrir de dettes avant de se suicider. Si vous ne payez pas les frais d’entretien, les dettes s’accumulent en effet, et après un certain temps, le porte-vaisseaux sera tout simplement décommissionné… le mot est élégant, il signifie qu’il vous sera retiré et disparaîtra tout simplement de vos actifs. Des années de dur labeur partiront en fumée.
Pour toutes ces raisons cumulées, le Fleet Carrier est un achat réservé aux pilotes les plus fortunés, et qu’eux mêmes ne réaliseront qu’une fois dans leur existence. Ils s’engageront pour un investissement qui durera leur vie durant, et leur coûtera dans tous les cas extrêmement cher.
Le projet Destiny relancé?
Mme Alexandra Gidh a tenu ce matin à s’exprimer sur cet événement dont l’importance est bien sûr essentielle pour toute la galaxie. Elle a tenu à prévenir les pilotes des risques que représenterait un achat irraisonné, lié aux coûts cachés du bâtiment. Mais elle a aussi laissé entendre que le porte-vaisseau de la Brewer Corporation pourrait être l’occasion de relancer le projet de mégaship entamé voici longtemps, avant d’être mis en sommeil.
Le gouvernement des Black Birds tient à mettre en garder les acquéreurs éventuels de Fleet Carriers contre les coûts cachés que représentent l’achat et l’entretien de ce porte spationefs. Toutefois, le Consilium réfléchit à une collaboration avec Brewer pour poursuivre et terminer le projet Destiny, qui pourrait trouver ici de nouvelles possibilités de développement. L’Ambassadrice Sahaquielle a été chargée d’examiner la faisabilité de ce partenariat. Le Consilium tirerait évidemment un grand parti d’une plate-forme opérationnelle mobile, par exemple dans le cadre de missions de maintien de la paix, ou d’assistance sanitaire d’urgence.
Beaucoup d’inconnues subsistent à ce stade : Brewer Corporation proposera-t-il des solutions pour faire baisser les frais d’entretien ? Confirmera-t-il la décote rapide de ses bâtiments ? Le marché interne du Fleet Carrier permettra-t-il à son détenteur de générer des profits, ou ce splendide bâtiment spatial ne sera-t-il qu’une occasion de ruine rapide et irréversible ? Beaucoup d’inconnues subsistent à ce stade, mais les équipes du Vox Veritas ne manqueront pas bien sûr de tenir informés les lecteurs du journal.
Le Fleet Carrier en quelques chiffres
- 8 pads larges, 4 moyens, 4 petits
- 500 Al de portée de saut (réacteur à fusion thermonucléaire fonctionnant au Tritium)
- Prix de base : 5 milliards, + 2 milliards pour l’acquisition des services
- Frais d’entretien : entre 10 millions et 147 millions hebdomadaires
- Une décote de 66% après trois mois
Crédit photo : Cmdr Firenze