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Les barnacles: interview exclusive

Le nom du Dr Mary Curry n’est sans doute pas inconnu de nos lecteurs: jeune et brillante chercheuse au L.A.R.A. de Shangdi, spécialisée en xénobiologie, elle disparut mystérieusement au printemps dernier, peu après la prise de Crevit. Le Dr Curry avait en fait délibérément décidé de se cacher pour poursuivre secrètement des recherches indépendantes, dont elle nous livre aujourd’hui les résultats étonnants. Nous rendons compte dans le présent numéro du Vox Veritas d’une première entrevue exclusive consacrée aux « barnacles », ces mollusques intersidéraux que des explorateurs ont découverts, depuis près de deux ans maintenant, dans divers systèmes à travers la galaxie.

La rédaction du Vox Veritas: Docteur Curry, rappelez-nous d’abord ce que sont les barnacles.

Dr. Mary Curry: Les médias ont donné le nom de « barnacles » à des structures aliens d’origine et de nature inconnue; les premiers spécimens ont été repérés au début de l’année 3302, par un commander francophone nommé Octo. Les barnacles ont été ainsi nommés à cause de leur ressemblance avec ces coquillages qu’on trouvait autrefois sur les plages de la Terre, et qu’on appelait berniques, patelles ou pouce-pied. « Barnacles » est en fait le mot anglais pour désigner ces mollusques. On sait aujourd’hui que, dans leur version spatiale, ces entités sont d’origine thargoïd, comme l’atteste une marque circulaire qu’elles portent sur leur carapace, et qu’on a également retrouvée sur les vaisseaux aliens.

VV: Ces structures présentent-elles un intérêt pour les humains ?

M.C.: Oui, ces structures extra-terrestres ont suscité beaucoup de curiosité, en particulier à cause du précieux méta-alliage qu’elles produisent de temps à autre; ce matériau, obtenu en détruisant ces créatures, permet de contrecarrer le pouvoir destructif des artefacts inconnus qu’on avait déjà découverts peu auparavant; ces artefacts, également d’origine thargoïd, avaient causé de graves dysfonctionnements dans de nombreuses stations spatiales, jusqu’à ce qu’on s’avise de les réparer grâce au méta-alliage des barnacles.
Les forces militaires fédérales ont longtemps surveillé de près plusieurs zones de barnacles; la Fédération avait déployé des flottes impressionnantes pour empêcher quiconque d’en approcher, à la grande fureur des savants qui ne pouvaient poursuivre librement leurs recherches. Depuis, les vaisseaux fédéraux ont quitté les Pléiades, probablement à cause des pertes que leur ont fait subir les vaisseaux Thargoïds.

« La biologie des barnacles est similaire à celle des coquillages nommés berniques, sur Terre »

V.V. Revenons-en à ces barnacles. Vous avez l’air de très bien connaître votre sujet, Docteur. Dites-nous: ces berniques, ou barnacles, ont-elles évolué depuis qu’on les a découvertes ?

Dr. Curry: Depuis janvier 3302, les explorateurs ont mis au jour de nombreux sites, et même, récemment, dans l’amas des Hyades, une forêt phosphorescente composée d’une trentaine de spécimens. En revanche, certaines barnacles semblent mortes sur d’autres sites, peut-être pour avoir été trop exploitées : elles ne produisent plus de méta-alliages.

V.V. Vous parliez de liens éventuels entre les barnacles et les Thargoïds: a-t-on établi des relations certaines entre ces coquillages et les aliens qui ont récemment envahi les Pléiades?

Dr. Curry: Oui, depuis quelques mois, des vaisseaux aliens ont été vus interagir avec les barnacles: ils émettaient un rayon vert, sans qu’on sache exactement quels sont les types de rapports entretenus entre ces deux entités : les Thargoïds recueillent-ils des matériaux lourds accumulés par les barnacles? Prélmèvent-ils de la chitine dont sont faits aussi bien les carapaces des mollusques que celle des insectes auxquels sont apparentés les Thargoïds? Personellement, je n’y crois pas.

V.V. Mais alors, à quoi peuvent bien servir les barnacles, selon vous?

Dr. Curry: C’est ici que nous quittons le terrain des certitudes pour entrer dans celui de la théorie, et c’est sur cette question qu’ont portée mes recherches, jusqu’ici tenues secrètes. En particulier, j’ai passé récemment beaucoup de temps dans la « forêt des barnacles » découverte dans l’amas des Hyades. Je suis partie du principe que la biologie des barnacles est similaire à celle des coquillages terrestres nommés berniques, et que c’est en étudiant la science de la vie sur Terre que nous comprendrons les secrets des structures organiques aliens — pas seulement ceux des barnacles, d’ailleurs.

« Les barnacles produisent de l’ammoniac en grande quantité »

V.V. Et peut-on connaître vos conclusions ?

Dr. Curry: C’est encore trop tôt pour formuler des conclusions définitives. Pour l’instant, ce ne sont que des hypothèses. J’ai remarqué que, dans la « forêt » mais aussi sur d’autres sites, une gelée phosphorescente suinte désormais des barnacles, qui eux-mêmes laissent échapper des fumerolles verdâtres. Toute la zone « forestière » est envahie d’une brume de la même couleur.

V.V. Et qu’en pensez-vous ?

Les berniques qui vivaient autrefois sur la Terre, et qui ressemblent tant aux barnacles spatiales, dégageaient de fortes quantités de nitrure d’hydrogène. De l’ammoniac si vous voulez. L’ammoniac était le principal déchet produit par les barnacles marines. De même, l’ammoniac était produit en grande quantité par les micro-organismes bioluminescents qui, certains soirs d’été, faisaient luire l’océan qu’ils couvraient de reflets de couleur turquoise.

« Mon hypothèse est que les Thargoïds utilisent les barnacles pour créer une atmosphère à base d’ammoniac »

Mon hypothèse est que les Thargoïds utilisent les barnacles pour créer une atmosphère à base d’ammoniac sur toute une ceinture de systèmes situés à quelques centaines d’années-lumières de la bulle humaine : les amas des Hyades et des Pléiades, la nébuleuse California, celle de la Tête de la Sorcière, sans doute ailleurs encore.

VV : Vous voulez dire que… les Thargoïds veulent installer de vastes populations aux portes de la civilisation humaine ? Qu’ils préparent une foule de systèmes à accueillir des peuples aliens tout entiers?

Dr. Curry : Je ne peux encore être catégorique, mais mon équipe et moi-même nourrissons d’assez forts soupçons pour poursuivre nos recherches. Il est fort possible que le rayon thargoïd émis en direction des barnacles a pour but de les activer en quelque sorte. Si cette spéculation devait s’avérer, les « forêts » comme celles des Hyades se multiplieront, et l’on trouvera bientôt des sites plus imposants encore. Le brouillard se répandra sur de vastes régions, jusqu’à couvrir la planète entière de vapeurs d’ammoniac… au point de constituer in fine une atmosphère. Les planètes ammoniac sont d’ailleurs d’une couleur identique à celle de la brume « forestière ».

« Excitant pour une scientifique », « effrayant pour un être humain »

Mon opinion est que nous assisterons prochainement à la naissance de planètes à atmosphère composée d’ammoniac. C’est très excitant pour une scientifique, mais aussi très effrayant pour un être humain. Si nos hypothèses se réalisent, c’est toute une civilisation alien qui se développera aux portes de la bulle humaine.

VV. Merci Dr Curry. Nos colonnes vous seront toujours ouvertes lorsque vous souhaiterez nous faire part des résultats de vos recherches.

A Propos de Albert Blondin

Albert Blondin
Albert Blondin, romancier et journaliste, s'est rendu célèbre par ses reportages d'investigation. Il a découvert Munfayl et le Consilium au cours d'une enquête portant sur les asiles psychiatriques. Il n'a plus songé à en partir, surtout depuis qu'il a découvert l'UAlcool au Perséphone. Il met depuis quelque temps tout son talent à suivre les Black Birds sur les théâtres d'opération.

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