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Le vaisseau ivre

Après de longs mois passés à explorer l’inconnu et à repousser toujours plus loin les limites de l’humanité, le commander Skyfenger est rentré mercredi dernier des confins de la Galaxie, où il s’était rendu avec les explorateurs de l’expédition Distant Worlds II. Les autorités de Munfayl ont tenu à cette occasion à lui rendre les honneurs que méritait son exploit.

Le retour du héros

Aussitôt que la nouvelle de son retour fut connue, le Dictateur réquisitionna les meilleurs pilotes du Consilium, mercredi, pour une mission d’escorte un peu particulière, à laquelle il tint à participer personnellement : le VIP qu’il fallait accompagner ce soir-là n’était autre que le Cmdr Skyfenger, membre du BBS bien connu de nos lecteurs. Grâce à la protection rapprochée du Squadron, l’explorateur parvint à bon port à Munfayl et accosta ainsi sans encombres à Samson, après un voyage de quelques 150 000 années-lumière qui l’avait emmené aux extrémités les plus lointaines de la Voie lactée.

L’épave glorieuse

Son vaisseau, le Path’n, Anaconda spécialement équipé en vue de frayer les voies de l’espace  profond, n’avait plus rien d’un fringant voilier lorsqu’il franchit l’entrée de la station : cabossé, éraflé, abîmé par les vents stellaires et l’enchaînement de milliers de sauts, il ressemblait à une épave tout juste bonne pour aller grossir le cimetière de Tionisla. Mais quel prix n’avait-il pas pour son pilote et pour ses amis ! Cette coque gâtée, cette carcasse brinquebalante à l’allure hésitante, menaçant ruine à chaque hoquet  de ses propulseurs, valait plus cher à leur yeux que les chromes rutilants d’un Mamba flambant neuf.

Oui, le Path’n avait bien souffert, mais quel appareil pouvait se flatter de s’être aventuré aussi loin, là où aucun être humain ne s’était jamais risqué auparavant ? Au cours de sa mission, le courageux vaisseau avait croisé des créatures étranges, contemplé des phénomènes inconnus, assisté à des spectacles inouïs. Il avait ressenti la chaleur des astres géants, et frissonné au froid des espaces vides ; il avait atterri sur des planètes glacées, et survolé des océans d’astéroïdes  ; il avait vu, comme autant de poussières lumineuses, les myriades d’étoiles du noyau galactique, et côtoyé au seuil du néant les ténèbres impénétrables des confins. Il avait mille fois manqué d’exploser, de fondre dans les gaz brûlants des étoiles, de s’écraser sur des planétoïdes désolés, de disparaître à jamais dans le sein d’un trou noir. Mais dévorant les azurs, trouant le ciel, traversant les ciels bleus illuminés d’éclairs, il avançait toujours, impassible, parmi les archipels sidéraux. Glaciers ! Soleils d’argent ! Flots nacreux ! Cieux de braise! Enfin, au terme de son périple, il était finalement revenu jusqu’à son port d’attache, ramenant à son bord son pilote épuisé, mais le regard encore plein des secrets qu’il avait entrevus.

Pour la science

Aussitôt après l’atterrissage, le Cmdr fut invité à un long débriefing, qui s’est tenu dans les bureaux d’Universal Cartographics, en présence des scientifiques du Consilium. Rien n’a filtré de cette réunion, mais le Dr Mac Hiavel en est sorti les yeux brillants, emportant une série d’éprouvettes remplies d’échantillons biologiques. Le Dictateur, de son côté, prit soin des vingt-quatre chats que le cmdr Skyfenger avait emporté à bord, après s’être personnellement assuré qu’aucun d’entre eux ne manquait à l’appel.

A peine le temps de prendre un peu de repos, et le Cmdr Skyfenger retrouva vite sa place au sein du Squadron. “Je suis maintenant prêt à tirer sur tout ce qui bouge”, confessa-t-il. Nul doute que cette nouvelle devrait ravir en particulier notre chroniqueuse, Mme Isba Passacaille.

Heureux comme Skyfenger

Heureux qui comme Ulysse, après un long voyage s’en est retourné sain et sauf en son pays, chantait jadis un poète terrien. Heureux qui comme Skyfenger, dira-t-on désormais à Munfayl : son épopée rend hommage à la devise du Consilium, qu’il illustre de façon exemplaire. Il est un Black Bird, il est la Frontière.

A Propos de Albert Blondin

Albert Blondin
Albert Blondin, romancier et journaliste, s'est rendu célèbre par ses reportages d'investigation. Il a découvert Munfayl et le Consilium au cours d'une enquête portant sur les asiles psychiatriques. Il n'a plus songé à en partir, surtout depuis qu'il a découvert l'UAlcool au Perséphone. Il met depuis quelque temps tout son talent à suivre les Black Birds sur les théâtres d'opération.

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